Ludivine Danese, Directrice communication et business development d’ADVANT Altana
Parlez-nous de vous !
J’ai une longue carrière derrière moi ! J’ai débuté, en alternance, chez GL TRADE, start-up de l’informatique financière qui a connu une croissance soutenue pendant de nombreuses années avec des projets communication très structurants.
L’entreprise a mené plusieurs opérations de croissance externe, ce qui m’a permis d’appréhender la communication « sensible » et de m’intéresser aux finances, aux aspects RH et juridiques.
Après le rachat de la société par un grand groupe américain, le périmètre de mes missions a évolué. Nous avons alors négocié mon départ et je suis retournée sur les bancs de l’école au CELSA pour valider mes années d’expérience par un diplôme. Le MBA m’a véritablement permis de renforcer ma légitimité et de valoriser mon expérience tout en m’ouvrant à un réseau d’échanges incroyable.
Je suis, actuellement, Directrice communication et business développement au sein d’ADVANT Altana, un cabinet composé de 90 avocats d’affaires. Je supervise le département en France en étroite relation avec les membres de l’alliance en Europe.
Quel événement, anecdote ou rencontre a le plus marqué votre parcours professionnel ?
Je pense, spontanément, à 2 rencontres. GL et toutes les personnes rencontrées à cette époque ont réellement façonné qui je suis aujourd’hui. Nous étions jeunes et animés par la même envie de progresser ensemble. Nous étions heureux de venir travailler. Nos leaders nous laissaient avancer tout en nous recadrant de temps en temps. Beaucoup d’entre nous sont encore en contact aujourd’hui.
Et puis il y a cette personne qui m’a fait découvrir le monde des cabinets. Je l’ai rencontrée sur LinkedIn, preuve que les rencontres virtuelles peuvent déboucher sur de très belles opportunités dans la vie réelle. Nous avons discuté dans un groupe, pris un café ensemble, et elle m’a présenté à plusieurs personnes. Près de 15 ans plus tard, me voilà toujours reconnaissante. Elle a une véritable vision des individus, sait cerner les gens sans les juger et inspire confiance. Je regrette juste de ne pas avoir eu l’opportunité de travailler dans son équipe !
Quels sont les défis business de votre secteur et comment la communication y répond ?
Un cabinet regroupe plusieurs décideurs du fait de l’organisation de la profession. Il faut savoir avancer dans l’intérêt du collectif tout en renforçant la visibilité des uns et des autres.
Il est essentiel de regrouper les expériences et les compétences de chacun pour former un collectif. Ce processus peut parfois ressembler à un jeu d’équilibriste. Plutôt que de lutter contre cette dualité, il est préférable de capitaliser sur chaque élément pour créer un ensemble cohérent, que ce soit pour la communication externe ou interne.
Ensuite, la communication juridique est particulièrement spécifique et délicate. Nous devons travailler sur notre visibilité et image de marque tout en respectant nos clients, leurs dossiers et les normes déontologiques. Sur un marché où tous les cabinets sont compétents, les clients ont l’embarras du choix et sont très sollicités. Cela nous demande de nous creuser la tête pour proposer des actions à forte valeur ajoutée et développer de véritables relations durables.
A la manière de The West Wing (une série à recommander à tous ceux intéressés par la communication sensible), en cabinet, la diplomatie joue un rôle central.
Il est essentiel de savoir obtenir le consensus, faire des compromis pour obtenir des résultats pour le collectif, même si cela ne se concrétise pas immédiatement, mais sur le long terme.
Vous reconnaissez-vous dans le terme de Business Partner ? Qu’est-ce que ça évoque ou signifie pour vous ?
Nous avons parcouru un long chemin en termes de reconnaissance de nos métiers. Les dirigeants comprennent, désormais, mieux l’importance de nos fonctions. Notamment, grâce à la mise en avant d’indicateurs pour démontrer la pertinence de nos actions. Notre profession s’est justement « professionnalisée ».
Devenir un véritable Business Partner est donc un processus continu où il faut constamment démontrer sa capacité à réfléchir, à être efficace et rigoureux. Il est essentiel de ne rien lâcher au quotidien, car il est facile pour quiconque dans l’entreprise de penser que la communication est simple et que tout le monde peut la faire.
Tout repose sur la confiance. En montrant au quotidien que nous agissons en tant que partenaires stratégiques, nous établissons un véritable échange d’égal à égal. Si nous sommes perçus comme la dernière roue du carrosse dès le départ, il est préférable de passer son chemin et vite !
Considérez-vous l’IA comme un accélérateur ou un détracteur ?
L’IA est outil formidable car il ouvre des angles infinis d’idées. Elle peut vous aider à démarrer avec une page blanche et aider le processus créatif. Mais cela doit rester un outil, capable de vous faire gagner du temps (et de l’argent).
Il est crucial de rester maître de notre travail. L’instantanéité des technologies peut, parfois, nous pousser à précipiter nos réflexions, à agir vite sans réel discernement.
Il faut revenir à l’essentiel : prendre quelques minutes pour se perdre dans ses pensées. Ces moments nourrissent notre créativité sans qu’on s’en aperçoive. Nous pouvons multiplier les outils et les indicateurs, mais so What ? Ce sera toujours à nous de mettre les éléments en musique.
Que donneriez-vous comme conseils à un ou une futur(e) dircom pour prendre sa place de Business Partner ?
- Ne jamais douter de soi. Vos diplômes et votre expérience en communication sont aussi importants que ceux d’une autre personne.
- Toujours rester dans les faits, dans le concret.
- Réfléchir avant d’agir.
- Respectez vous, et les autres vous respecteront.
Minute inspiration : qui recommanderiez-vous de suivre ?
En termes de coaching, @Michael Bernard qui donne des conseils pour travailler plus efficacement et dans la bonne humeur (pour ceux qui préfèrent écouter, il propose ses conseils en podcast avec une voix qui calme en dix secondes)
Pour leur créativité et l’humour @Buzzman évidemment : si les gens n’ont pas d’humour, il faut aussi passer votre chemin.
Pour la réflexion, @Harvard Business Review