Marion Loriot, Directrice communication de Le Mans Université
Parlez-nous de vous !
Fascinée par l’archéologie et la communication, j’ai longtemps hésité entre les deux, mais la créativité de la communication a fini par l’emporter.
Je suis une communicante passionnée avec 17 années d’expérience. J’ai, principalement, travaillé dans le privé en passant par l’agence, la régie publicitaire et l’annonceur.
Je suis Directrice communication de Le Mans Université aux côtés d’une équipe de 7 personnes.
Nous avons la chance d’évoluer dans un environnement stimulant, axé sur la recherche et l’innovation. La gratitude des étudiants lorsque nous collaborons sur des aspects tels que la vie étudiante et la formation est inestimable.
Notre quotidien rime avec créativité (pour faire bouger les lignes), conseil, accompagnement, méthodologie, questionnement et rigueur (pour vérifier nos sources, les dossiers).
Finalement, je fais un peu d’archéologie dans la gestion des dossiers !
Quel événement, anecdote ou rencontre a le plus marqué votre parcours professionnel ?
J’ai deux anecdotes qui me viennent en tête :
La première : on m’a présentée une feuille A3 avec un assemblage de papiers colorés, en me demandant d’en faire une affiche. Cet exemple illustre combien notre métier est méconnu. Nos interlocuteurs ne perçoivent pas toujours notre valeur ajoutée, car avant de parler formats et canaux, nous analysons le sujet, les enjeux et les objectifs.
La communication est avant tout un métier de compétences et de relationnel : rien de tel qu’une crise pour que vos interlocuteurs voient un peu mieux votre valeur ajoutée.
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La deuxième concerne une campagne où, en interne, nous avons essuyé une vague de critiques du type : « Vous ne connaissez pas nos étudiants, vous ne maîtrisez pas votre sujet ». Pour un manager, il est difficile de voir le moral de son équipe affaibli. Un moyen de leur redonner confiance était de prouver que, non seulement, leur travail était bien fait, mais aussi qu’ils avaient les compétences et étaient de vrais experts en communication.
Alors, j’ai déposé leur projet au prix de l’ARCES*. Ils sont revenus avec un prix, regonflés à bloc et motivés. Mais au-delà de ce prix, je voulais leur montrer, prix ou pas, que moi, leur manager, je crois en eux. C’était ma déclaration cachée !
Quels sont les enjeux et défis de votre secteur et comment la communication y répond ?
Il y en a tellement, mais il y en a un qui me frappe tout particulièrement au quotidien : le sentiment d’appartenance.
Mon cheval de bataille est donc la communication interne. Par ses actions, elle joue un rôle de connecteur. Connaître ses collègues, reconnaître les expertises, pour aller tous dans le même sens afin de répondre aux besoins des étudiants et des futurs étudiants, et se positionner dans un écosystème parfois hostile.
Il faut réussir à fédérer l’interne tout en mettant en avant nos étudiants pour convaincre nos jeunes de demain à rejoindre Le Mans Université. La recherche joue, également, un rôle important dans cette reconnaissance, nous reliant au monde socio-économique et à l’innovation : la recherche nourrit la formation et vice versa.
Notre enjeu : être reconnu, faire du lien et avancer ensemble. Sacré défi, car c’est aussi une nouvelle manière de communiquer dans le public !
Vous reconnaissez-vous dans le terme de Business Partner ? Qu’est-ce que ça évoque ou signifie pour vous ?
Oui et non. La question m’aurait été posée dans le privé j’aurais répondu à 200% pour OUI.
Dans le public, je nuancerais. Ce terme est très lié aux chiffres, au KPI et donc au domaine du commerce. On commence tout juste à saisir l’importance d’un RETEX. Envoyer une newsletter sans statistique ne choquait personne jusqu’alors.
Cela est en train de changer, car la considération de la communication évolue, mais nous répétons sans cesse ce qui nous amène aux chiffres et pourquoi.
Je me considère plus comme un partenaire peu importe sa précision (business, stratégique). En mode projet, en binôme, la communication est un atout à la réussite d’un projet pour une multitude de raisons.
Si nous comprenons cela, nous deviendrons des partenaires, et ensemble, nous pourrons viser la lune (We choose to go to the Moon, Kennedy).
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Et vous ?
Considérez-vous l’IA comme un accélérateur ou un détracteur/risque ? Comment l’utilisez-vous au quotidien ?
À cet instant, j’ai un avis plutôt mitigé : l’IA risque certainement de supprimer des postes de production comme l’a fait l’automatisation dans les usines, mais probablement pas dans les métiers de création. La créativité reste un domaine réservé à l’humain, que ce soit dans la peinture ou l’écriture : l’IA peut créer, mais parvient-elle à nous toucher ?
Je reste particulièrement vigilante quant à sa consommation de ressources. Pour générer une simple image, l’IA consomme une quantité d’énergie considérable, atteignant jusqu’à 11,49 kWh. Ce niveau de consommation pourrait alimenter jusqu’à 950 smartphones.
Donc ok pour l’utiliser mais nous devons être prudents, surtout lorsque nous aspirons à une communication responsable et durable. C’est notre ligne directrice actuelle.
Que donneriez-vous comme conseils à un ou une futur(e) dircom pour prendre sa place de Business Partner ?
– Créer du lien : travailler en confiance et avec honnêteté. J’ai besoin d’être en phase avec mes valeurs. Cependant, je sais aussi prendre du recul. Comme je le répète souvent à mon équipe : il y a ce sur quoi nous pouvons agir et ce qui échappe à notre contrôle. Pour ce dernier, ne gaspillons pas notre énergie.
– Être curieux de tout et poser des questions. Nous ne sommes pas des experts dans tous les domaines. La force du questionnement est souvent sous-estimée.
– Avoir une discipline au quotidien. Le Dalaï Lama a dit un jour : « Un esprit discipliné mène au bonheur, et un esprit indiscipliné mène à la souffrance ». Cette citation me rappelle l’importance de rester concentrée, ce qui améliore ma productivité et contribue à mon bien-être personnel.
– Calculer sans cesse les risques de sa (future) com. Tout est question de timing comme le répète souvent Frédéric Fougerat.
Minute inspiration : qui recommanderiez-vous de suivre ?
- Fannyviano de Take your place évidemment !
- Le décodeur de la communication re-évidemment !
- Insight, analyse l’actualité publicitaire et les tendances de notre société en donnant la parole aux agences. L’objectif est de décrypter les mécaniques créatives et l’évolution du secteur de la communication.
- Charbon : cette série propose des rencontres avec des invités authentiques et inspirants. Créatifs, entrepreneurs, cinéastes ou encore sportifs.
- Naître de Zoé Varier, un podcast de démocratisation scientifique sur les origines de la vie – Passionnant !
- Dans un autre registre : histoires de darons, podcasts dédiés aux pères, billet de sciences par Anne Le Gall sur France inter.
- J’aime aussi découvrir de nouveaux talents tel que « Chut » un nouveau magazine de la culture scientifique qui explore l’impact du numérique et des technologies dans nos vies, au travers de grandes thématiques de société comme la place des femmes dans le monde, la ville de demain, l’écologie, la santé, l’apprentissage, l’amour, la démocratie ou encore le travail. J’ai adoré le numéro 15 « Brisons les codes » #vivelesfemmesdanslatech.
